Automne scandinave
Septembre - octobre 2022
Première rencontre, lors du premier soir de mon voyage en Scandinavie !
C'est plutôt de bonne augure, non ?
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Le sac se fait de plus en plus pesant, les muscles de mes cuisses faiblissent, et la faim me tenaille.
L'air ambiant se fait plus piquant et les lumières s'assombrissent à vue d'œil...
Il est grand temps de trouver un endroit où planter ma tente et d'y trouver un peu de repos !
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La petite dizaine de kilomètres, distance parcourue au beau milieu des hauts plateaux déserts, fut plus éprouvante qu'imaginée...
Me frayant un chemin à travers une miniature forêt m'arrivant à la taille, composée de bouleaux nains et de saules arctiques, je suis les coulées des lourds mammifères qui foulent ce sol depuis des millénaires et qui ont, par ailleurs, côtoyé les mammouths...
Mais les sentes se font vite plus rares, et le sol plus spongieux. Mes pas s'accélèrent à la vue de l'eau projetée par la dérobade du sol sous les bottines. Si elles percent, je serai dans de beaux draps pour le reste du voyage. Il faut à tout prix traverser cet espace tourbeux ! Tout autour s'étalent désormais des étendues aqueuses, caractérisées par une flore qui y est adaptée. Une flore herbacée, on n'y trouve point de ligneux !
Je finis par trouver un petit monticule dépassant de cette zone marécageuse, composé de roches, de lichens et d'arbrisseaux.
A peine le sac à dos est-il posé à terre et la tente sortie de son sac, que ce hibou des marais apparait !
Après m'avoir évalué, il repart pour une nuit de chasse, dans le plus grand des silences !
Intrigué, il est venu se poser à quelques mètres de moi seulement !
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Je peux affirmer avoir bien dormi cette nuit-là !
Cette nuit-là, des lueurs nordiques s'offrent à l'horizon. Bien que fort pâles, c'est une première pour moi !
Le vol silencieux du hibou des marais !
La tente, givrée par la nuit qui s'efface...
Boeufs musqués : les forces (+/-) tranquilles de la toundra !
Les colosses ont été réintroduits au XXéme siècle en Norvège...
Plateau du Dovrefjell, Norvège
Je mets désormais les voiles sur la Laponie, tant que les belles couleurs automnales y sont présentes...
Cela ne durera pas !
Embarcadère lapon
Garrot à oeil d'or, avant le grand voyage vers le sud !
Dans cette immensité, les grives mauvis sont légion : une à une, elles passent par dessus ma tête, s'arrêtent et repartent...
Je ne saurais dire s'il s'agit des mêmes individus. D'où viennent-elles? Où vont-elles?
Le mésangeai imitateur vous accueille à l'entrée des forêts boréales !
Le modeste mais ô combien délicat bruant des roseaux !
Le plongeon arctique est au Nord
ce que le zèbre est à l'Afrique !
L'élan, animal aussi grand que discret...
Introuvable, il apparait quand bon lui semble !
Le lagopède des saules, perpétuellement dissimulé !
Me voilà à peine sorti de ma tente que je perçois un sifflement aigu émergeant des profondeurs de la forêt...
Celui de mes rêves, de mes attentes, de mes fabulations... Est-ce bien elle?
Ne serait-ce pas un son quelconque mal évalué, né d'un mouvement distrait de ma part ?
J'attends quelques minutes dans le silence de la forêt dont les arbres attendent l'hiver, stoïquement.
La veille au soir, exténué par le coup final de mon avancée en ces étendues forestières, la traversée d'une large rivière aux eaux froides et tumultueuses, je m'étais empressé de monter mon campement sur son territoire, à mon insu.
Et d'y trouver du repos, avant que mes yeux ne puissent plus distinguer les troncs voisins.
À nouveau, un chant ! Non, c'est bien elle ! Le fantôme de la forêt...
Depuis le temps que j'espère une rencontre qui puisse être savourée à sa juste valeur !
C'est alors que les notes flûtées font place à un mélange entre l'empressement enthousiaste de la rencontre, le frein naturaliste du dérangement inutile, et la frustration que l'oiseau ne me passe sous le nez.
Ce dilemme, bien connu de tous traqueurs de bêtes sauvages confondus, résulte en une bonne dose d'adrénaline.
La crainte que l'oiseau ne me découvre et boude notre rencontre est néanmoins la plus forte...
L'enjeu est grand, et la prudence est de mise !
D'un pas qui égale l'escargot à la course, c'est tous sens en alerte que je me rapproche de la provenance du chant, pour enfin me placer à l'endroit me paraissant le plus stratégique.
Entre-temps, la présence du gallinacé s'étant réaffirmée, la longue attente peut commencer !
Gélinotte des bois, l'insoupçonnée !
Ici, le mâle, avec sa bavette noire.
(buvette boire diront les mauvaises langues !).
Jaseurs boréaux, rares visiteurs d'Europe centrale, dans leur biotope natal !
Chacun sa cime, tout de même! Il faut admettre qu'elles ne manquent pas....
En Laponie, tous doivent se battre pour se frayer un chemin !