La danse des tétras-lyres
Avril 2022
Cela fait maintenant des années que j'aspire à cette aventure,
renonçant systématiquement à la magie éphémère de cette rencontre,
préférant la réussite scolaire.
Mais cette année bouillonne en moi une volonté à me déplacer jusqu'aux montagnes !
Ces deux semaines de bonheur sont précisément destinées à décupler mon acharnement.
Mon grand besoin en clichés exploitables pour le calendrier perpétuel est un des éléments déterminants !
Après quelques heures de route vers les Alpes, les vertigineux lacets saupoudrés d’une neige fraiche
mettent à épreuve mon sang-froid, ainsi que mon fidèle destrier à quatre roues...
Arrivé sur le parking d’un remonte-pente, je m’endors aussitôt, dans le coffre aménagé !
Quelques heures plus tard, affublé de quelques dizaines de kilos de matériel,
sinuant à travers la paroi, j’entame à la frontale la lente et éprouvante ascension devant me mener à l’alpage.
Alpage sur lequel j’avais, quatre mois auparavant, fait l’observation d’une dizaine de tétras-lyres !
Quelques flocons viennent perturber le silence nocturne de la forêt endormie.
Arrivé en zone découverte, le ciel se pare de ses premières lueurs et la brume désépaissit.
Déjà, je jouis du chant tant espéré de ce superbe oiseau qu’est le petit coq de bruyère.
Trôné sur son épicéa, figé par un hiver maintenant son emprise.
C’est avec une charge dorsale brinquebalant sous l’effet des divergentes trajectoires prises par les objets harnachés à l’extérieur du sac, que je m’enfonce dans la profonde poudreuse.
L’espèce étant très sensible vis-à-vis du dérangement humain, l'objectif que je me fixe la première semaine réside en l'apprentissage et l'observation à distance des mœurs de nos petits coqs.
Surtout pas de précipitation, l’heure de gloire sera d’autant plus savoureuse !
Une nuit, un loup est passé près de la tente...
Une hermine est passée par ici...
La nuit, tous les chats sont gris !
La deuxième partie de l’expédition vise à rapprocher ma cache de l’endroit où se déroulent les parades.
J’opte finalement pour une sorte d’igloo creusé dans la poudreuse, dépassant à peine de la surface de la neige.
Ce système s'avère être particulièrement concluant, puisque même situé aux premières loges, les coqs agissent comme si je n’existe pas !
Frissons garantis !
Réveil type, chez les tétras...
Il doit être aux alentours de 6h00.
Doucement, la montagne se réveille...
Le silence qui pesait il y a quelques instants encore n'est maintenant plus qu'un lointain souvenir.
Ce souvenir est vite bousculé par le gazouillement des merles à plastron et d'autres migrateurs,
tout juste arrivés de latitudes plus chaudes.
Tous s'activent, et trouvent leur place
dans le concert.
Des roucoulements particulièrement sonores me tirent désormais de mon sommeil.
Des petits coqs de bruyère viennent de se poser à quelques mètres de mon bivouac de fortune.
Déjà, ils s'agitent, chantent, battent des ailes pour impressionner le voisin et... finissent par se voler dans les plumes !
Mais à peine le soleil a-t-il rejoint l'horizon que ces gallinacés rejoignent la sûreté de la forêt, traduisant ainsi leur caractère farouche.
Des débuts de journée tempétueux, d’autres neigeux ou encore pluvieux, en passant par ceux dont les cieux s’illuminent consécutivement de rose, de rouge et d’orange.
Tous s'enchaînent mais ne se ressemblent pas !
Tandis que la huppe gobe des invertébrés...
... le cassenoix attrape un lézard !
Plus bas dans la vallée, la neige s'est effacée, et le printemps se fait désormais bel et bien sentir !
Il est désormais l'heure de se rediriger vers la Belgique !
Tentes, étables, igloos sont autant d'abris m'ayant permis de braver les conditions hivernales, la nuit.